Édito | Michel Klekowicki Accord sur les retraites à la SNCF : le patron poussé vers la sortie

À Bercy, on ne badine pas avec les retraites. Auteur d’un crime de lèse-réforme, Jean-Pierre Farandou, le patron de la SNCF, vient de l’apprendre à ses dépens. Déjà convoqué pour une remontée de bretelles par Bruno Le Maire, il est désormais poussé vers la sortie. Pour sauver les apparences et éviter les provocations, son remplacement n’aura lieu qu’après les JO. Un piètre sursis pour celui qui avait redressé les comptes de l’entreprise. Lui qui espérait finir en beauté sur un renouvellement de mandat jusqu’à ce qu’il atteigne la limite d’âge, en juillet 2025, en est pour ses frais. Il paie clairement l’accord avantageux signé avec les organisations syndicales sur l’accompagnement de fin de carrière des cheminots.

C’est là et pas ailleurs que se trouve la raison de sa disgrâce : Jean-Pierre Farandou a donné le mauvais exemple en adoucissant les conditions de départ à la SNCF. Une hérésie pour Bercy qui craint la contamination. Imaginez un peu si d’autres sociétés parapubliques, des administrations voire des entreprises du privé se voyaient assaillies de demandes en ce sens ? Pour le gouvernement, c’est certain, cette jurisprudence cheminots fait mauvais effet et risque de remettre une pelletée de charbon dans la chaudière de la contestation. Ce dont ne veut pas entendre parler la majorité, après l’année sociale horribilis de 2023.

Bref, pour Bruno Lemaire, il fallait éteindre l’incendie sans tarder. Mais dans le même temps, le président Macron n’a-t-il pas confié ses regrets dans l’entretien accordé à la Tribune Dimanche  ? Il y reconnaît son échec de n’avoir pu mener à bien la retraite par points, celle-là même qui figurait dans son programme présidentiel de 2017. Décidément, cette réforme est née sous une mauvaise étoile : la mise en retraite d’office du patron de la SNCF en est une illustration presque caricaturale…